Nous vous voyons nombreux à polémiquer sur la nouvelle directive prise par l’actuel D.A de Balenciaga. Entre la triple S et les chemises dragons que Jason portait en primaire, certains d’entre vous sont restés perplexes… cela est compréhensible. Entre le Balenciaga de Cristobal et celui de Gvasalia, en surface nous sommes à deux antipodes, mais est-ce réellement le cas ?
Attardons-nous tout d’abord sur l’essence de Balenciaga qui n’est d’autre que son créateur, Cristobal.
Originellement, Balenciaga est une maison de couture française au même titre que Chanel, dans les années 40, Balenciaga alors installé à Paris connait du succès. La maison séduit plusieurs grands noms de l’industrie. Son créateur était un génie de la couture, car contrairement à bien d’autres stylistes, Cristobal travaillait aiguille à la main sur ses créations. Son but ? Confectionner une pièce avec le moins de couture possible afin de se focaliser sur ce qu’il nommait « l’essentiel » du vêtement. Pourtant ses créations n’étaient absolument pas minimalistes, pour éviter cet univers il pensait sans cesse à des techniques de couture et ajoutait également du volume en jouant avec le tombé des tissus. A cette période Balenciaga était synonyme d’inventivité, la maison a été l’auteure de nombreuses créations ayant révolutionnées la mode de l’époque et inspire encore énormément celle d’aujourd’hui, avec par exemple la robe « babydoll » autant reprise par les maisons de coutures que par les enseignes de prêt-à-porter.
Actuellement Balenciaga connaît un renouveau depuis que Demna Gvasalia, chef du collectif VETEMENTS a été nommé directeur artistique de la maison. Gvasalia ne s’identifie qu’à travers ce terme : « dressmaker », son objectif n’est pas de révolutionner la mode mais d’ajouter sa touche personnelle à chaque classique de notre garde-robe : jeans, trench, sweat et j’en passe. Lorsqu’il a été nommé à la tête de la branche artistique de Balenciaga il en fut le premier surpris ! Son premier défilé était donc attendu au tournant, les critiques pressentaient au pire comme au meilleur, au final le designer géorgien s’en est bien sorti.
Mais est-il allé trop loin ?
Depuis ces dernières années, nous voyons apparaître de jeunes créateurs à la tête de grandes maisons de couture emblématiques, certaines se sont inscrites dans l’Histoire de la mode grâce à l’image artistique qu’elles se sont construites. Aujourd’hui, certains nouveaux designers reprennent les rênes de ces fameuses maisons, les nouveaux D.A tentent alors de moderniser et d’ajouter leur « touche personnelle » à ces maisons… mais parfois ces créateurs poussent trop loin et finissent par égarer l’essence même de ces enseignes légendaires. Demna Gvasalia n’est pas l’unique exemple, Hedi Slimane chez Yves Saint Laurent en est un aussi.
L’actuel D.A de Balenciaga a été remarqué grâce à son collectif « VETEMENTS », bien connu des passionnés de mode aujourd’hui. Demna Gvasalia est un « dressmaker » relativement innovant, il a été le premier à proposer les créations que l’on peut voir sur son catwalk, mises directement à la vente. Dans l’industrie du créateur, du luxe et de la haute-couture c’était un fait inédit, cela signifie que l’on retire aucun détail et aucune excentricité à la création, que l’acheteur l’accepte telle quelle. Depuis qu’il est aux commandes de Balenciaga, Gvasalia a imposé cette manière de faire aux créations de la maison.
Que dirait Cristobal s’il était encore vivant ?
Focalisons-nous maintenant sur la fibre artistique. Entre le travail du défunt Cristobal et celui de Demna, nous pouvons remarquer certaines similitudes, telle que le travail fournit au niveau du volume – bien sûr il est plus démesuré sur les catwalks du néo-Balenciaga. Nous observons également une même ressemblance concernant l’utilisation de certains imprimés – cela pourrait peut-être prouver malgré les apparences que Gvasalia a feuilleté les archives de la maison. Les seules différences à noter sont facilement remarquables. Demna Gvasalia est très attaché à l’identité artistique de VETEMENTS puisqu’il en est le co-fondateur et il se permet la même liberté artistique chez Balenciaga, c’est pourquoi on peut retrouver des crocs XXL rose ou des chemises « dragon » sur le site de la célèbre maison. En plus d’être doté d’une excentricité hors norme, le dressmaker est attaché à son univers underground voire parfois streetwear et il ne se censure pas, certains lui reprochent ceci et clament le fait que les contraintes artistiques ne sont pas respectés, aussi que l’on manque de respect au fondateur de la marque et qu’il faut que l’on accepte tout du prodige géorgien car il fait vendre.
Mais vous, qu’en pensez-vous ?